
Chaque année en Suisse, le premier jour du mois d'août rime avec fête et gaieté. Une date anniversaire qui célèbre le début de l'union de cantons qui, au fil des siècles, formeront la Confédération helvétique telle que nous la connaissons. Retour sur les origines d'une grande aventure qui dure depuis 1291 !
Trois cantons scellent un pacte : un accord tripartite...

Au départ, ils sont trois à proclamer leur alliance : Unterwald, Uri et Schwytz. Par la signature d'un document connu sous le nom de "Pacte fédéral", les trois partenaires se jurent fidélité et assistance contre toute agression extérieure. Nous sommes alors en août 1291 et le premier pas d'une longue marche vers l'unité et l'indépendance d'un pays vient d'être franchi. Pourtant, à cette époque, le Pacte fédéral n'est pas encore considéré comme l'acte fondateur de la Confédération helvétique.
C'est dans la prairie du Grütli, au bord du lac des Quatre-cantons, que trois hommes ont prêté serment, en 1307. En ce lieu bucolique, sous une nuit étoilée, Walter Fürst d'Uri, Werner Stauffacher de Schwyz et Arnold von Melchtal d'Unterwald, ont scellé leur union afin de préserver l'indépendance de leurs terres, en s'opposant à la domination des Habsbourg.
Si le Pacte fédéral est une preuve irréfutable de l'union de ces trois cantons, en revanche, l'épisode du Serment du Grütli est une légende. Il fait partie des mythes fondateurs de la Confédération et perpétue des valeurs auxquelles la Suisse reste attachée, dont l'indépendance, l'esprit de communauté et la résistance à l'oppression.
...qui aboutit à une Confédération de 26 cantons.
Zinal, Val d'Anniviers.
L'extension de la Confédération helvétique pour en arriver à la forme que nous lui connaissons fut une affaire de temps. De siècles, plus précisément. L'alliance défensive des trois cantons fondateurs trouva rapidement écho aux alentours. Lucerne fut le premier canton à rejoindre les initiateurs en 1332, suivi de Zurich en 1351, puis de Glaris et Zoug en 1352. L'année suivante, c'est au tour de Berne de suivre le mouvement.
Au fur et à mesure de l'affaiblissement du pouvoir des Habsbourg en Europe, la Confédération helvétique s'affirme et inspire des territoires voisins qui décident de proclamer leur indépendance. En 1798, l'alliance compte 13 cantons.
En 1815, année du Congrès de Vienne et de la chute définitive de Napoléon Bonaparte, l'extension de la Confédération se poursuit avec l'intégration de Genève, de Neuchâtel et du Valais. Cette date marque un tournant : la Suisse est reconnue comme un État européen dont la neutralité perpétuelle est confirmée, de même que l'inviolabilité de son territoire.
Le petit dernier des cantons suisses est né en 1979 : il s'agit du Jura, qui regroupe les anciens districts francophones du canton de Berne.
Ainsi, avec patience et détermination, la Suisse a défendu son indépendance et consolidé son unité, malgré des différences linguistiques et culturelles entre cantons. Un succès qui vaut bien une belle journée de fête annuelle !
1er août : une date de fête nationale décrétée tardivement

Le 1er août ne s'est pas imposé comme une date de fête nationale en Suisse avant plusieurs siècles. Jusqu'à ce qu'en 1891, le souvenir du Pacte fédéral ne ressurgisse. En ce temps-là, la Suisse souhaitait fixer un jour de fête nationale et unir ses habitants autour de valeurs communes. C'était alors le 600e anniversaire de la signature du Pacte fédéral. Pour la première fois, le pays fit du 1er août un jour de célébration.
Pourtant, rien n'indique que la date de la ratification du Pacte fédéral fut bien un 1er août. En effet, il n'existe aucun indice autre que le texte mentionnant que ledit document a été signé "au début du mois d'août".
Par ailleurs, cette date n'est devenue un jour férié en Suisse qu'après un vote populaire en 1994.